Du sang. Une seule et unique larme de sang reposant sur la table d'opération. Sa couleur noirâtre semblait évoquer l'otage de la vie, d'un rêve. Un rêve terminé, voilà tout.
Je me retournais lentement vers le rouleau d'essuietout, puis, avec une délicatesse hors-norme, essuya la goutte. Lorie, une de mes assistantes vétérinaire, commençait déjà à désinfecter la salle dans tout les moindres recoins. Elle était adorable, on était devenue très amies. Je sortais de la petite pièce sombre pour me diriger vers la salle d'attente. Je me penchais vers le classeur des rendez-vous, examinant les prochains patients à venir.

Vaccination d'un chien, observation d'une patte blésée d'un chat...tiens, une personne amènerait un petit hérisson, en fin d'après midi. Moi, je m’appelle Estelle. J'ai 25 ans, et j'ai fais mes études à l'école vétérinaire de Toulouse, dans le sud. Je me rappelle qu'à l'époque, j'avais peur du sang. Mais à force d'être en contact avec ce dernier, ma crainte s'était dissipée.

Cela fait des années que je travaille sans relâche pour pouvoir exercer ce métier. Six ans d'études, et cela ne fait qu'un an que je travaille à plein temps dans cette petite clinique. Pourtant, j'ai déjà une certaine réputation.

Je soigne pratiquement tout les animaux, passant du hamster à la vache, je vois de tout. Je me déplace souvent pour me rendre dans les paysages ruraux, où je m'occupe le plus souvent des mises-bas. Les mises-bas, un moment unique et plein d'émotions...C'est le début d'une vie, un nouvel être qui voit le jour. Parfois survenait complications, mais comme je dis, il y a un remède à chaque maux.

Je fus arrachée à mes pensées par la sonnette de la porte coulissante.
La personne qui s’avançait vers le comptoir était assez âgée. La soixantaine peut-être. Elle n'était pas bien grande, coiffée d'un chignon fais à la va-vite. Elle tenait une petite laisse rose, au bout de la quelle se trouvais un superbe caniche noir.

Je la fis entrer dans la salle de consultation. Une salle assez simple. Le carrelage était d'un blanc cassé, les mûrs beige. Juste en face de la porte, se trouvait une grande table où je fis grimper la chienne. A droite, mon bureau. Sur le mûr du fond, se trouvait une grande étagère où une bonne cinquantaine de médicaments reposaient.

L’auscultation ainsi que la vaccination se déroula parfaitement. Le caniche se prénommait Moon. C'était une femelle en parfaite santé, d'environ 8 ans.
La dame régla la consultation et le vaccin, et sortit heureuse de savoir son chien en bonne santé.

C'était cela qui me plaisait dans ce métier. Rendre les gens heureux, et surtout, aider les animaux à vivre bien et en bonne santé.
Les personnes défilèrent, avec leur animaux. Aujourd'hui, il n'y eu aucune opération, rien...étrange, même les animaux qui était venu n'avaient pas de maladie ou de cas grave. Tant mieux pour eux, c'est cela qu'il faut.
Le chat à la patte blessée avait reçu des anti-inflammatoires, et son propriétaire devait revenir à la clinique sous peu.

Le dernier rendez-vous prenait fin. C'était le petit Plof, un hérisson reproducteur, qui venait nous rendre visite. Une épine s'était enfoncée dans sa peau, le pauvre quouinait de douleur. A l'aide d'une pince j'avais pu l'enlever, et la douleur avec. Son protecteur - dit maître, seulement,je n'aime pas ce mot - me remercia, puis quitta la clinique. Je jetais un œil sur l’horloge suspendue au mûr. 19h30. Parfais, c'était l'heure de rentrer. Je rassemblais mes affaires, éteignis l'ordinateur, salua mes assistantes qui s'en allait retrouver leur famille. Une famille. Je n'avais pas de famille, pas de mari, pas d'enfant. Juste mes parents et grands-parents, cependant je ne les voyais pas souvent.

Sur ces pensées, je sortis à l'extérieur et verrouilla la clinique. Je me dirigeais vers ma voiture, les clés à la main. Elle n'était pas très grande, rouge. Mais je l'aimais bien, ma petite voiture.

Arrivée chez moi, je me débarrassais de mon sac, posais mes clés et me rendais dans la cuisine. J'ouvrais le frigo, une salade de tomates m'attendais. Je la sortis et l'engloutis d'un trait. Qu'elle faim de loup... Mon repas terminé, je partais prendre une douche bien méritée. Je sortais de la baignoire, et enfila une serviette autour de moi, puis, attrapa le sèche-cheveux. Ma chevelure était mi-longue, blonde et bouclée.

Mes soins terminés, j'entrais dans ma chambre. Plutôt petite, des posters d'animaux étaient accrochés aux mûrs. Panthère, hérisson, renard, chiot... Un grand lit occupait presque toute la surface. J'enfilais ma robe de nuit, en satin rose. Très belle robe, pour une fois, j'étais fière de ce que je portais. Je me pris un livre, et me couchais sous ma couette douillette.

Avant d’entamer ma lecture, je vérifiais la fonctionnalité du téléphone posé sur la table de chevet. Ce dernier servait en cas d'urgence vétérinaire, si, en pleine nuit, il y avait une urgence, les gens appelaient sur ce téléphone. C'était bien utile, croyez-moi. Puisque celui-ci marchait, j'ouvrais mon livre dans l'espoir de lire ne serai-ce qu'un chapitre...Mais, la fatigue m’emportais, et je sombrais peu à peu dans un sommeil profond.

******

Riiiing, riiiiiniig, riiiing . J'ouvrais les yeux lentement, me retournais pour lire l'heure. 23h. Je tentais d'éteindre le réveil, mais seulement, ce n'était pas lui qui sonnait. Le téléphone. Le téléphone ! Je bondis hors du lit et me précipitais sur le téléphone des urgences. Je décrochais juste à temps.

<< Allô, Estelle de la clinique vétérinaire, bonsoir ?
- Oui bonjour Mademoiselle, je suis navré de vous déranger à une heure si tardive... je vous appelle pour une urgence, vous devez venir au plus vite !
- Monsieur, gardez votre calme s'il vous plait. Que se passe-t-il ? Et donnez-moi votre adresse.
- J'habite à 2km de votre clinique, continuez sur la grande route. Vous voyez la pharmacie ? Bien, après cette dernière, prenez le premier petit sentier à droite : vous arriverez directement chez moi.
- Bien monsieur, je vois où vous habitez. Mais pour quel animal appelez-vous ?
- C'est un chien ! Un chien que je viens de trouver sur le pas de ma porte, il a l'air jeune, il a une hémorragie !
- J'arrive. >> Je raccrochais en vitesse le téléphone, m'habillais avec les premiers vêtements qui me tombais sous la main, et sortais précipitamment à l'extérieur.

Je rentrais dans ma voiture, mis le contact, et la considérant telle une voiture de course, je fonçais vers la clinique. Là-bas, je partis prendre tout les ustensiles nécessaires. Cela accomplis, je me dirigeais à présent vers la maison de ce monsieur. Il ne m'avait même pas communiqué son nom...

Il commençait à pleuvoir à verse, n'arrangeant pas les choses. C'est donc sous la pluie que j’aperçus la pharmacie. Je n'étais plus très loin. Voyant le chemin, je tournais dedans. J'arrivais directement devant une grande demeure, en pierre apparentes. Et devant la porte d'entrée, l'homme faisait de grands signes en direction de ma voiture.

Je coupais le contact, et sortis, essoufflée. Je m'approchais de cet homme, qui m'accompagna jusqu'à la bête. Cette dernière gisait au sol, gueule ouverte. Ce n'était qu'un chiot, je n'arrivais pas à identifier sa race. Ce devait être un croisé, il tenait du griffon c'était certain. A première vue, c'était une femelle. Il saignait intensément, mais, cela n'était point une hémorragie.

Je l'installais dans ma voiture, puis entrepris de couper la coulée de sang. Cela fonctionna. Le monsieur monta dans la voiture en ma compagnie, puis nous rentrâmes à la clinique. Durant le trajet, je pris mon portable et appelais Lorie, afin qu'elle me rejoigne à la clinique. A la fin de l'appel, l'homme engagea une conversation...

<< Merci...
- C'est mon travail, monsieur. Quel est votre nom ?
- Je m’appelle Frédéric. Frédéric Tagan. J'avais déjà fais soigné mes deux rottweillers chez vous.
- Effectivement, je m'en souviens; répondais-je sans grande envie.
- Et le chiot...A qui appartient-il ? Questionna-t-il.
- Nous ne le savons pas Mr Tagan, nous allons vérifier sa puce à la clinique. >>

Justement, cette dernière se dressais devant nous.
Lorie nous ouvris le portail, et m'aida à déplacer le chiot dans la salle d'opération. Mr Tagan attendais, anxieux, dans la salle d'attente.
Je me penchais sur le corps. Moi qui avait trouvée la journée précédente calme, ce n'était plus le cas...

Le petit chiot respirait. Il vivait. La vie, je devais sauver une vie.
Je découvris une plaie. C'était de cette dernière que le sang s'écoulait. En observant de plus près, je reconnue une morsure. Elle n'était pas très profonde, heureusement. Pourtant, quelque chose me troublais. Je n'avais pas endormis le chien, il était intact à part cette morsure et respirait... A ce moment, un souvenir affreux remontait à la surface, il faisait mal, si mal. Mes yeux se remplirent de larmes, mes mains se crispèrent. Cette chienne, je savais ce qu'elle avait.

Elle était dans le coma, un coma profond.

Lorie me regardait. S'approchant de moi, elle me demandait ce qui m'arrivait.
En bafouillant, je lui racontais l'histoire. Quand je n'étais qu'une enfant, j'avais accueillis
un border collie chez moi. Je l'aimais, je ne vivais que pour lui. Quand il était triste, j'étais triste, lorsqu’il était joyeux, j'étais joyeuse. Mais un jour, mon chien était tombé à terre en jouant à la balle, avec moi. On l'avait emmener chez le vétérinaire. Verdict, il était dans le coma, un coma profond.

Mon chien était resté à la clinique. Je voulais rester avec lui, je hurlais pour rester à ses côtés. Cela n'avait pas suffis, j'étais rentrée chez moi. Dans la nuit, le vétérinaire avait appelé : mon chien été décédé, et je n'avais pas pu lui dire aurevoir. Ma tristesse avait été immense, et voir ce petit chiot dans le coma avait fais remonter tout ces souvenirs douloureux.
Observant le petit corps endormis, quelque chose me disais que le destin l'avais envoyé à moi pour me donner une seconde chance, une chance de sauver ce petit chien dans ce coma si profond.

Je lui aménageais une cage dans la salle de réveil. Cette pièce était assez grande. Les cages étaient confortables et douillette. Depuis la porte, elles étaient adossée au mûr de gauche ainsi qu'au mûr du fond. A droite se trouvait une armoire et un grand bureau, ainsi qu'une machine à laver en-dessous de ce dernier. Et au milieu de la salle, se trouvait un fauteuil où je m'asseyais durant les "trous" entre deux consultations. Je prenais les animaux malades sur moi, et je les caressais. Ils avaient donc tout les jours des caresses, et en même temps je pouvais surveiller leur état de santé.
Je déposais donc le chiot dans une cage. Au sol, il y avait un tapis absorbant, et au fond, une belle couverture en polaire pour lui tenir chaud. Je lui posais une perfusion afin de l'hydrater et de le nourrir durant son coma.

Je passais dans la salle de consultation pour aller chercher le lecteur de puce électronique. Je revenais ensuite devant le petit chiot, et tentais de trouver une puce électronique : rien. Ce chien n'était donc pas pucé. Je cherchais un tatouage, rien non plus. Il n'avait rien, ni même un collier.
Je regardais ma montre. Il était presque 6h du matin, la clinique ouvrait ses portes à 8h tapantes.

J'allais rejoindre Mr Tagan dans la salle d'attente. Il lisait un des journaux déposés sur la table basse. Celui qu'il tenait dans ses mains traitait des différents accessoires pour chien. Je m'étais amusée à le lire le jour d'avant, j'avais hallucinée devant toutes les nouveautés qu'il y avait.
Me voyant, Frédéric Tagan reposa le journal et se leva.

<< Alors ?
- Le chiot est dans un coma profond. Le sang provenait d'une morsure causé
par un animal, je vais effectuer des recherches pour connaître de quelle espèce ils'agit.
- Va-t-il s'en sortir ? Demanda l'homme.
- Je l'espère Monsieur, je l'espère...nous allons tout faire pour en tous les cas. J'ai vérifiée si
il est identifié, et il s'avère que la réponse est négative. Aucune puce électronique, pas de collier, pas de tatouages. Là encore, je vais effectuer des recherches. Je vous remercie de m'avoir appelée.
- Merci à vous docteur, vous me tiendrez au courant ?
- Pas de soucis, j'ai vos coordonnées
- Parfais, bonne journée mademoiselle. Conclut-il. >>

Frédéric Tagan sortis de la clinique et pris un taxi pour rentrer chez lui.
Lorie passait la tête dans l’entrebâillement de la porte menant dans la salle de réveil, me faisant signe qu'elle allait se reposer. J’acquiesçais.
Quant à moi, je m'assis à mon bureau, dans la salle d’auscultation. J'allumais mon ordinateur, puis ouvris la fenêtre qui menait directement au moteur de recherche Google. Dans la barre de recherche, je tapais << Animaux perdu >> puis d'autre mot-clès afin de tomber sur des sites d'animaux perdus dans ma région. Je cherchais depuis maintenant plus d'une heure.

******

La sonnette retentissait et me forçais à me tirer de mon ordinateur. Je n'avais absolument rien trouver, en deux heures de recherches. J'avais cherchée dans les associations consacrées à cela, mais également dans des SPAs qui auraient pu perdre un de leur chiot. Mais rien, rien de chez rien. Ce petit chiot existait mais n'existait pas à la fois. Cela était troublant, et promettait de longues heures de recherches.

Lorie fit irruption dans la pièce, tenant à la main le classeur des rendez-vous. Elle était une jeune femme de mon âge, très sympathique. Elle était un peu plus petite que moi, avait des cheveux plutôt court, brun et lisse. Elle était toujours aux aguets, très vive.
J'ouvris le classeur à la bonne page. La journée serait longue...
L'assistante me glissa qu'une jeune femme venait d'arriver avec un lapin pour un check up. Péniblement, je me levais donc et invita la jeune femme à entrer dans la salle d'auscultation.

Tout allait bien pour ce petit lapin, seulement une petite coupe des griffes fut nécessaire.
Les rendez-vous défilaient durant toute la matinée. En grande majorité, les gens apportaient leur chat ou leur chien. Mais certaines personnes avaient choisis l'original, tel des tortues, hérisson, serpent, et autre.
Arrivait l'heure du déjeuner. Avant de profiter de ma pause, j'allais rendre visite aux petits animaux présent dans la salle de réveil. Le petit chiot était toujours dans le coma...je lui décochais une caresse, puis m'en alla.

Je décidais de m'arrêter dans un restaurant japonais/chinois. Le serveur m’apportait la carte des menus. Je choisis un plat "toutes saveurs" comme ils appelaient cela. Le repas était constitué de sushis, riz, boulettes de viande et d'autre aliments mélangés ensemble avec grâce. Je demandais également un verre de vin, chose qu'il était étrange de boire avec ce plat, mais qu'importe.
Je déclinais l'offre d'un dessert, puis sortais du restaurant.

Je consultais ma montre. 13h25. Ne sachant quoi faire, je rentrais à la clinique. Je me confortais dans l'idée que je pourrai prendre de l'avance sur mon emploi du temps.
Arrivée à destination, j'allais dans les vestiaires -très petits, avouons-le- pour déposer mes affaires et chercher le classeur des rendez-vous, comme à mon habitude. Le premier patient ne viendrai qu'à 14h30. Parfais. J'allumais les lumières de toute la clinique, puis me rendais dans la salle de réveil. Un petit chien, un chihuahua, aboya en me voyant arriver. Tout le monde guérissait bien, sauf le petit bâtard. Je m'approchais de lui, ouvrais sa cage et le pris dans les bras. Je m'asseyais ensuite dans le beau fauteuil rouge, et examina le chiot. Comment un si petit être si fragile pouvait se retrouver abandonné devant une porte ?

Sur mes pensées, je le reposais dans sa cage et partis chercher un gros livre poussiéreux.
Je soufflais dessus. A force de l'avoir laissé sur le haut de la bibliothèque pendant une année complète, il avait pris un coup de vieux. Ce livre contenait des informations sur toutes les races animales connues, dont, leur dentition. Je feuilletais à un rythme élevé le bouquin, espérant trouver une dentition correspondant à la morsure du chiot. Soudain, une page attirait mon attention. La page d'information sur le loup. Un schéma de sa mâchoire représentais six incisives en haut ainsi que les deux crocs du haut. Je retournais voir la blessure de la jeune chienne : six petites marques coincée entre deux trous plus profond. Aucun doute, le pauvre chiot avait été en contact avec un voir plusieurs loup.

Cette affaire commençais à me triturer l'esprit de plus en plus. Cette chienne était en possession d'une énigme à mes yeux, bien plus qu'un coma. Comme si mon border disparu il y a une bonne décennie me l'avais envoyée afin d'accomplir une tâche, la quelle, je n'en sais trop rien. Mais, une petite voix au plus profond de moi-même me disais que je le saurais très bientôt.

La sonnette retentis, me tirant de mes réflexions. Lorie entrait dans la salle de réveil, m'annonçant que le premier patient de l'après-midi venait d'arriver. Je me levais péniblement, ne manquant pas de ranger le gros livre sur le haut de la bibliothèque.
Je rejoignais l'homme qui se trouvais dans la salle d'attente. Il était accompagné d'un chat portant une collerette. Je le fis entrer dans la salle d'auscultation.
Le matou s'était fais opérer ici il y a deux semaines, et il avait hérité de cette collerette afin de l'empêcher de s'enlever les points de suture.
L'après-midi se déroula tout à fais comme d'habitude, aucune opération à l'horizon. Les vaccins avaient été à l'honneur aujourd'hui.

Le soir tombait déjà. Je consultais une dernière fois l'horloge qui pendait depuis déjà une année entière sur le mûr, afin de m'assurer que je pouvais quitter la clinique.
J'éteignais mon ordinateur. Je passais dans la salle de réveil afin de souhaiter une bonne nuit à mes petits protégés. Je jetais un œil dans la cage de chiot : toujours dans le coma.
J'allais rejoindre Lorie. Cette dernière me décocha un sourire forcé, me lançant :

<< Tu vas me manquer, on communiquera par SMS ?
- De quoi veux-tu parler Lorie ?! M'étonnais-je.
- De tes vacances pardi, tu as oubliée ? Tu es en vacances pendant 1 mois ! >>

Mes vacances...cela m'avais complètement sortis de l'esprit. Ce serait une collègue qui s’occuperait de la clinique en mon absence. Bien sûr, mon téléphone des urgences resterait toujours allumé et fonctionnel, on ne prend jamais assez de précautions.
Lorie paraissait inquiète. Elle me confia qu'elle trouvait mon comportement étrange ces derniers jours. Je décidais de ne pas lui parler de mon étrange "liaison" avec le petit chiot dans le coma.
Le petit chiot... je ne pourrai pas le voir durant un mois ! Cela me semblais impossible, je ne voulais pas être séparée de lui. Mais que me prenait-il... Ce chiot avait une influence hors-norme sur mon esprit, et cela me troublait. Lorie devait sentir cela également.

Je lui confiais que je ne souhaitais pas laisser le chiot à la clinique. Surprise, elle me demandait des explications. Je faisais mine de ne pas avoir entendue, et me dirigeais vers la salle de réveil. Je pris délicatement le petit chiot, et laissa Lorie dans sa confusion. Je lui faisais signe d'aurevoir, lui promettant de lui donner de mes nouvelles régulièrement.
Je sortis de la clinique et me rendais dans ma petite voiture. J'installais le chiot près de moi, et mettais le contact. Un mois de vacances... qu'allais-je faire durant tout ce temps ? Aucune idée figurez-vous...Surement dormir, dormir et re-dormir, faire les courses, lire, pianoter sur l'ordinateur. Tant d'activité très peu intéressantes.
Durant le trajet, je passais devant une pharmacie. Je m'y arrêtais un instant, dans le but d'acheter une bouillotte pour le petit chiot.
Je rentrais ensuite lentement dans ma demeure empli d'une douce chaleur.

******

J'arrivais chez moi épuisée. J'ouvrais la porte d'une main, portant le petit chiot de l'autre. Je ramassais mon sac ainsi que mon trousseau de clés pour les déposer sur le buffet situé à l'entrée. Je montais ensuite les marche de l'escalier en colimaçon, et déboulais dans ma chambre tel un buffle. Je sortais une petite polaire bleue de mon armoire et la posais sur mon lit, la roula tant bien que mal puis y déposais en toute délicatesse le petit chiot. Je le nichais dans le creux de la polaire, le caressant par la même occasion. Je reculais pour contempler mon œuvre : Cela ressemblais réellement à un nid.

Je quittais la petite pièce pour redescendre à l'étage inférieur, puis bifurquais dans la cuisine. Ce serait des pâtes au menu ce soir, des spaghettis plus précisément. En attendant que ces dernières soient prêtes, je m'asseyais dans mon grand canapé -trop grand pour moi- et allumais la télévision. Je tombais en pleins dans les informations de 20h. Le sommaire fut annoncé : catastrophes, vol, tueries. Très peu pour moi, exactement tout ce qui me répugnais.. Je zappais les chaînes, malheureusement il n'y avait rien de bien intéressant à cette heure-si. Une émission attirait cependant mon attention. Des images d'une forêt lugubre défilaient à l'écran. La reporter disait, d'un ton soucieux :

<< Les forêts de l'Amérique du sud deviennent peu à peu comme les images que vous visionnez en ce moment-même. Elles sont sombres, lugubres, et des phénomènes étrange s'y déroulent. D'après nos correspondants, des personnes chargées d'enquêter sur ce mystère ce seraient rendues là-bas, et ne seraient jamais revenues. >>

J'éteignais le téléviseur. Je n'avais entendue cette histoire de forêt nulle part ailleurs. Je haussais les épaules, puis allais chercher mes pâtes et m'asseyais à la table à manger. Mes pensées s'arrêtèrent sur le petit chiot. J'avais beau eu chercher et chercher encore, ce dernier n'appartenait à personne. Un idée surgis alors dans mon esprit. Et si je l'adoptais ? Au début, je mettais cette idée de côté, ce chiot ne m'appartenais pas après tout. Mais au fil des minutes, il me semblait de plus en plus logique que je devais le garder, il y avait quelque chose qui voulait cela. Tout était lié.

Je faisais la vaisselle puis montais prendre une bonne douche. Je chantonnais l'air d'une de mes chansons favorite << summer of love >>, mais aussi <>. Je terminais mon train-train quotidien, puis montais dans ma chambre. Le petit chiot dormait toujours. Je lui injectais une dose d'eau, à l'aide d'une seringue sans aiguille. Il était toujours dans le coma...

Je me couchais à côté de lui. Je pouvais entendre sa respiration de là où je me trouvais. Comment pouvait bien s'appeler ce chiot ? En voilà une question... un nom. Lui trouver un nom, voici une bonne idée ! Je l'observais. Sans que je puisse l'expliquer, un mot surgis dans ma tête : Sirius.
Pourquoi ce mot avait fais irruption dans ma tête ? Que de mystère... Il y avait tellement de pensées qui se bousculaient entre elles que je m'endormais, épuisée.

******

Quelque chose de mouillé me nettoyais le visage. J'ouvrais les yeux et me retrouvais nez à nez avec...deux yeux bruns, profonds.
Je me levais d'un bond en hurlant, ne sachant pas ce qui m'avait léché le nez. Je reprenais mes esprits et regardais sur mon lit. Un petit chiot était assis sur le lit, me regardait intensément. A moitié endormis encore, je regardais à l'endroit où j'avais installée le petit nid le soir précédent. Il n'y avait rien dedans. Je tournais mes yeux vers le chiot à nouveau, et la bouche grand ouverte, articulais :

<< Sirius ?! >>

Sirius ! Le petit chiot était sortis du coma ! Ce dernier agitait sa queue tout heureux.
Je versais une larme. Elle y avait survécu...
Je m'asseyais à ses côtés et le pris dans mes bras. La jeune femelle me lapait une nouvelle fois le visage. Je caressais sa douce fourrure blanche et rousse.
Lui parlant comme si elle me comprenait, je la complimentais, lui disais des mots doux.

A ce moment, mon réveil se mit à sonner. La petite prit peur et partait se cacher sous ma couette.
J'éteignais l'appareil, pris Sirius dans mes bras et entrepris d'aller lui préparer à manger : elle devait avoir si faim...
Je la posais au sol, dans la cuisine. Je sortais une petite écuelle en inox, et versais de l'eau fraîche à l'intérieur. Dans une deuxième idem, je déposais quelques cuillères de thon frais. Je lui montrais les deux gamelles, l'incitant à y goûter. Sirius s'approcha du thon et se mit à l'engloutir d'un trait, puis me regardais avec des yeux joueur. Je riais aux éclats. Elle, insouciante, bue un peu d'eau pour se désaltérer. Il faut dire qu'il faisait très chaud à cette époque de l'année.

Mon ventre se mit à gargouiller. Je devais penser à manger moi aussi. Je laissais Sirius découvrir la maison, tandis que je me préparais deux petits toasts à la marmelade, accompagnés d'un thé à la cannelle.
Je m'installais à la table et dégusta mon petit déjeuner. D'un coin de l'œil, je surveillais la jeune chienne. Elle était entrain d'aboyer contre la baie vitrée, en découvrant son reflet. Je rigolais discrètement. Cela faisait un bon moment que je n'avais pas adoptée de chien, et cette puce me faisait le plus grand bien.

Du sang. Une seule et unique larme de sang reposant sur la table d'opération. Sa couleur noirâtre semblait évoquer l'otage de la vie, d'un rêve. Un rêve terminé, voilà tout.
Je me retournais lentement vers le rouleau d'essuietout, puis, avec une délicatesse hors-norme, essuya la goutte. Lorie, une de mes assistantes vétérinaire, commençait déjà à désinfecter la salle dans tout les moindres recoins. Elle était adorable, on était devenue très amies. Je sortais de la petite pièce sombre pour me diriger vers la salle d'attente. Je me penchais vers le classeur des rendez-vous, examinant les prochains patients à venir.

Vaccination d'un chien, observation d'une patte blésée d'un chat...tiens, une personne amènerait un petit hérisson, en fin d'après midi. Moi, je m’appelle Estelle. J'ai 25 ans, et j'ai fais mes études à l'école vétérinaire de Toulouse, dans le sud. Je me rappelle qu'à l'époque, j'avais peur du sang. Mais à force d'être en contact avec ce dernier, ma crainte s'était dissipée.

Cela fait des années que je travaille sans relâche pour pouvoir exercer ce métier. Six ans d'études, et cela ne fait qu'un an que je travaille à plein temps dans cette petite clinique. Pourtant, j'ai déjà une certaine réputation.

Je soigne pratiquement tout les animaux, passant du hamster à la vache, je vois de tout. Je me déplace souvent pour me rendre dans les paysages ruraux, où je m'occupe le plus souvent des mises-bas. Les mises-bas, un moment unique et plein d'émotions...C'est le début d'une vie, un nouvel être qui voit le jour. Parfois survenait complications, mais comme je dis, il y a un remède à chaque maux.

Je fus arrachée à mes pensées par la sonnette de la porte coulissante.
La personne qui s’avançait vers le comptoir était assez âgée. La soixantaine peut-être. Elle n'était pas bien grande, coiffée d'un chignon fais à la va-vite. Elle tenait une petite laisse rose, au bout de la quelle se trouvais un superbe caniche noir.

Je la fis entrer dans la salle de consultation. Une salle assez simple. Le carrelage était d'un blanc cassé, les mûrs beige. Juste en face de la porte, se trouvait une grande table où je fis grimper la chienne. A droite, mon bureau. Sur le mûr du fond, se trouvait une grande étagère où une bonne cinquantaine de médicaments reposaient.

L’auscultation ainsi que la vaccination se déroula parfaitement. Le caniche se prénommait Moon. C'était une femelle en parfaite santé, d'environ 8 ans.
La dame régla la consultation et le vaccin, et sortit heureuse de savoir son chien en bonne santé.

C'était cela qui me plaisait dans ce métier. Rendre les gens heureux, et surtout, aider les animaux à vivre bien et en bonne santé.
Les personnes défilèrent, avec leur animaux. Aujourd'hui, il n'y eu aucune opération, rien...étrange, même les animaux qui était venu n'avaient pas de maladie ou de cas grave. Tant mieux pour eux, c'est cela qu'il faut.
Le chat à la patte blessée avait reçu des anti-inflammatoires, et son propriétaire devait revenir à la clinique sous peu.

Le dernier rendez-vous prenait fin. C'était le petit Plof, un hérisson reproducteur, qui venait nous rendre visite. Une épine s'était enfoncée dans sa peau, le pauvre quouinait de douleur. A l'aide d'une pince j'avais pu l'enlever, et la douleur avec. Son protecteur - dit maître, seulement,je n'aime pas ce mot - me remercia, puis quitta la clinique. Je jetais un œil sur l’horloge suspendue au mûr. 19h30. Parfais, c'était l'heure de rentrer. Je rassemblais mes affaires, éteignis l'ordinateur, salua mes assistantes qui s'en allait retrouver leur famille. Une famille. Je n'avais pas de famille, pas de mari, pas d'enfant. Juste mes parents et grands-parents, cependant je ne les voyais pas souvent.

Sur ces pensées, je sortis à l'extérieur et verrouilla la clinique. Je me dirigeais vers ma voiture, les clés à la main. Elle n'était pas très grande, rouge. Mais je l'aimais bien, ma petite voiture.

Arrivée chez moi, je me débarrassais de mon sac, posais mes clés et me rendais dans la cuisine. J'ouvrais le frigo, une salade de tomates m'attendais. Je la sortis et l'engloutis d'un trait. Qu'elle faim de loup... Mon repas terminé, je partais prendre une douche bien méritée. Je sortais de la baignoire, et enfila une serviette autour de moi, puis, attrapa le sèche-cheveux. Ma chevelure était mi-longue, blonde et bouclée.

Mes soins terminés, j'entrais dans ma chambre. Plutôt petite, des posters d'animaux étaient accrochés aux mûrs. Panthère, hérisson, renard, chiot... Un grand lit occupait presque toute la surface. J'enfilais ma robe de nuit, en satin rose. Très belle robe, pour une fois, j'étais fière de ce que je portais. Je me pris un livre, et me couchais sous ma couette douillette.

Avant d’entamer ma lecture, je vérifiais la fonctionnalité du téléphone posé sur la table de chevet. Ce dernier servait en cas d'urgence vétérinaire, si, en pleine nuit, il y avait une urgence, les gens appelaient sur ce téléphone. C'était bien utile, croyez-moi. Puisque celui-ci marchait, j'ouvrais mon livre dans l'espoir de lire ne serai-ce qu'un chapitre...Mais, la fatigue m’emportais, et je sombrais peu à peu dans un sommeil profond.

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Riiiing, riiiiiniig, riiiing . J'ouvrais les yeux lentement, me retournais pour lire l'heure. 23h. Je tentais d'éteindre le réveil, mais seulement, ce n'était pas lui qui sonnait. Le téléphone. Le téléphone ! Je bondis hors du lit et me précipitais sur le téléphone des urgences. Je décrochais juste à temps.

<< Allô, Estelle de la clinique vétérinaire, bonsoir ?
- Oui bonjour Mademoiselle, je suis navré de vous déranger à une heure si tardive... je vous appelle pour une urgence, vous devez venir au plus vite !
- Monsieur, gardez votre calme s'il vous plait. Que se passe-t-il ? Et donnez-moi votre adresse.
- J'habite à 2km de votre clinique, continuez sur la grande route. Vous voyez la pharmacie ? Bien, après cette dernière, prenez le premier petit sentier à droite : vous arriverez directement chez moi.
- Bien monsieur, je vois où vous habitez. Mais pour quel animal appelez-vous ?
- C'est un chien ! Un chien que je viens de trouver sur le pas de ma porte, il a l'air jeune, il a une hémorragie !
- J'arrive. >> Je raccrochais en vitesse le téléphone, m'habillais avec les premiers vêtements qui me tombais sous la main, et sortais précipitamment à l'extérieur.

Je rentrais dans ma voiture, mis le contact, et la considérant telle une voiture de course, je fonçais vers la clinique. Là-bas, je partis prendre tout les ustensiles nécessaires. Cela accomplis, je me dirigeais à présent vers la maison de ce monsieur. Il ne m'avait même pas communiqué son nom...

Il commençait à pleuvoir à verse, n'arrangeant pas les choses. C'est donc sous la pluie que j’aperçus la pharmacie. Je n'étais plus très loin. Voyant le chemin, je tournais dedans. J'arrivais directement devant une grande demeure, en pierre apparentes. Et devant la porte d'entrée, l'homme faisait de grands signes en direction de ma voiture.

Je coupais le contact, et sortis, essoufflée. Je m'approchais de cet homme, qui m'accompagna jusqu'à la bête. Cette dernière gisait au sol, gueule ouverte. Ce n'était qu'un chiot, je n'arrivais pas à identifier sa race. Ce devait être un croisé, il tenait du griffon c'était certain. A première vue, c'était une femelle. Il saignait intensément, mais, cela n'était point une hémorragie.

Je l'installais dans ma voiture, puis entrepris de couper la coulée de sang. Cela fonctionna. Le monsieur monta dans la voiture en ma compagnie, puis nous rentrâmes à la clinique. Durant le trajet, je pris mon portable et appelais Lorie, afin qu'elle me rejoigne à la clinique. A la fin de l'appel, l'homme engagea une conversation...

<< Merci...
- C'est mon travail, monsieur. Quel est votre nom ?
- Je m’appelle Frédéric. Frédéric Tagan. J'avais déjà fais soigné mes deux rottweillers chez vous.
- Effectivement, je m'en souviens; répondais-je sans grande envie.
- Et le chiot...A qui appartient-il ? Questionna-t-il.
- Nous ne le savons pas Mr Tagan, nous allons vérifier sa puce à la clinique. >>

Justement, cette dernière se dressais devant nous.
Lorie nous ouvris le portail, et m'aida à déplacer le chiot dans la salle d'opération. Mr Tagan attendais, anxieux, dans la salle d'attente.
Je me penchais sur le corps. Moi qui avait trouvée la journée précédente calme, ce n'était plus le cas...

Le petit chiot respirait. Il vivait. La vie, je devais sauver une vie.
Je découvris une plaie. C'était de cette dernière que le sang s'écoulait. En observant de plus près, je reconnue une morsure. Elle n'était pas très profonde, heureusement. Pourtant, quelque chose me troublais. Je n'avais pas endormis le chien, il était intact à part cette morsure et respirait... A ce moment, un souvenir affreux remontait à la surface, il faisait mal, si mal. Mes yeux se remplirent de larmes, mes mains se crispèrent. Cette chienne, je savais ce qu'elle avait.

Elle était dans le coma, un coma profond.